Pourquoi parler de son handicap lors de ses études supérieures ? Comment aborder le sujet ? Nous avons posé ces questions à Laura Beauvais, étudiante au sein de l’ENSEA !
Pouvez-vous présenter votre parcours ?
J’ai passé un bac STI2D, en 2017. A la suite de celui-ci j’ai commencé des études dans un bachelor mais à cause d’aménagements tardifs et d’une rechute dans ma dépression préalable j’ai dû arrêter en décembre. Malgré tout, je ne voulais pas rester sans rien faire durant les 6 mois restants avant l’année universitaire suivante. J’ai donc cherché du travail, pour être finalement embauchée en intérim dans une entreprise où j’ai monté et testé des appareils. Pendant ces 5 mois d’intérim, j’ai pu m’intégrer dans cette entreprise et cela m’a permis de reprendre beaucoup confiance en moi et mes capacités. J’ai donc voulu après ma mission terminée continuer à travailler en entreprise où je pouvais développer mes compétences et ma confiance en moi.
Aussi à la rentrée suivante, je me suis réorienté dans un DUT GEII en alternance. Ce format m’attirait et j’ai beaucoup aimé prendre confiance en moi en entreprise. A ce moment-là, j’avais toutefois du mal à parler de mon handicap autant à l’école que dans mon entreprise.
Mon DUT en poche, j’ai souhaité continuer des études. J’ai donc recherché une alternance pendant le confinement. J’ai ainsi réussi à trouver mon entreprise et mon école : l’ENSEA. J’y suis rentrée il y a quelques mois. Cela a été très stressant pour moi, car j’avais peur des réactions des personnes à propos de du fait des mauvaises expériences dans ma précédente formation.
Malgré tout, vous avez décidé d’aborder votre handicap avec votre école. Pourquoi ce choix ?
De nombreuses personnes ont encore des préjugés sur le handicap. Je pense qu’il est donc important d’en parler pour les briser. De plus, cela m’a permis d’obtenir des aides et aménagements, nécessaires pour suivre mon cursus. Par ailleurs, j’ai souhaité que certains de mes camarades soient informés des difficultés que je pouvais rencontrer à cause de mon handicap afin de m’aider. Cela me soulage et me rassure de ne pas être mise à l’écart car je pourrais refuser certaines activités.
Comment cela s’est-il passé ? Vers qui vous êtes-vous tourné ?
Je dirais que, pour l’instant, cela se passe bien. Depuis que j’en ai parlé, les personnes sont beaucoup plus attentives.
J’ai d’abord échangé avec le responsable de la formation d’apprentissage et la vie étudiante. J’ai pu également échanger avec l’association @TalentEgal qui m’a conseillée sur mon approche par rapport au monde de l’entreprise. Grâce à eux, en parler avec mon manager et mon maître d’apprentissage a été plus simple. Cela m’a aussi aidé à trouver le bon équilibre entre ce que je dis et ce que je ne dis pas à mes collègues curieux !
Est-ce facile d’en parler ? Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
C’est tout de même difficile. J’avais très peur et j’ai demandé conseil autour de moi. Dans mon ancienne école, j’ai eu le droit à des aménagements, mais les autres étudiants avaient l’impression que mes problèmes de santé étaient mes sujets de discussion préférés. Au contraire, j’essayais d’être discrète !
Cela a été dur dans mon ancienne entreprise également. Heureusement, j’ai pu rencontrer des personnes qui m’ont soutenue dans ma démarche. Ces deux dernières ont été particulièrement difficile car mes proches me faisaient énormément de reproche lorsque je demandais de l’aide. Heureusement, j’ai aussi pu rencontrer une association @SOS main et bénéficier d’un soutien psychologique. Dans mon ancien DUT, une enseignante a su trouver les mots justes et qui a pris le temps de me réconforter dans le fait de parler de son handicap surtout lorsque j’étais dans une période de « crises ».
Le fait d’en parler m’a permis de trouver une aide et ainsi accéder à des aménagements. Mais surtout, de dire stop aux remarques souvent blessantes des proches. Parler de son handicap m’a permis aussi de prendre du recul dessus.
Quel message souhaitez-vous passer à nos lecteurs qui hésitent à en parler ?
Je pense que c’est important d’en parler, car cela fait partie de nous, de notre quotidien. Il y aura toujours quelqu’un qui saura comment vous aider. Je pense aussi que parler du handicap permet de sensibiliser les personnes qui ne sont pas concernées de près par le sujet. Enfin, le plus important, c’est qu’en parler permet d’avoir des aménagements. Nous pouvons, ainsi, ne pas être catalogué ou placé dans la mauvaise case du fait de notre différence.
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